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Libre rage ( relais et point de chute !)
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Libre rage ( relais et point de chute !)
28 juin 2008

Témoignages d'un retenu du centre de rétention de Vincennes qui a brûlé

Vendredi 27 juin 2008 Dernières nouvelles des exilés du centre de rétention de Vincennes à Lille. L'homme qui témoigne raconte en détail la mort du retenu (samedi 21), l'incendie du centre (dimanche 22) et son transfert à Lille. Par rapport à la mort du retenu cependant, si on veut un récit exact, il vaut mieux s'en tenir au témoignage publié dimanche dernier, il est plus complet et la personne qui raconte était un témoin direct des événements. Mais aujourd'hui le témoin a tenu a revenir sur le décès parce que visiblement il est intimement lié à l'incendie. Comme chacun sait, suite l'incendie le centre de Vincennes a été entièrement brûlé et est depuis fermé. Le témoin se trouvait dans le CRA 2 aux moment des événements. « ça a commencé samedi, le jour où le monsieur est décédé. Il a demandé à son ami russe de le réveiller pour aller à l'infirmerie. Quand il est venu le réveiller il était gravement malade, il se réveillait pas, il a prévenu les policiers et ils sont venus une heure et demi après, entre temps il est mort. Il est mort dans le centre à cause des médecins qui ne sont pas venus. Une fois qu'il était mort, ils l'ont pris pour l'amener à l'hôpital. Il nous ont pas laissé rentrer dans la chambre pour voir ce qui se passait. Ils ont dit que personne ne rentre, on leur a dit qu'on était pas d'accord, ils nous ont bousculés, nous ont était nombreux on a fait la bousculade, ils nous ont mis du gaz, ils nous ont frappé partout avec les matraques. Après on est resté tranquille. Ils nous ont dit que le monsieur est mort on leur a dit que c'était à cause d'eux. il nous ont dit qu'il était mort à l'hôpital, on leur a dit que non. Dimanche vers 13h, on a fait la prière pour le mort, 10 minutes de silence. La prière n'était pas totalement musulmane il y avait des chrétiens aussi, on était ensemble. Après on a fait une marche dans les couloirs en disant « on est pas d'accord, on est pas content du tout, ils sont en train de nous maltraiter ». On était nombreux. La police nous disait qu'on voulait casser, on leur a répondu « on casse rien, on fait la marche pour montrer qu'on est pas d'accord, on est pas des criminels on a juste pas de papiers » Vers 15h, dans 2 ou 3 chambres ça a commencé à bruler, j'ai pris mes affaires. Partout il y avait des matelas dans le couloir et dehors. On continué à faire la manif pendant le feu et quand c'est devenu trop fort les policiers sont venus avec le gaz, ils voulaient qu'on aille tous dans un coin de la cour. Ils nous ont fait sortir par 3 ou 4 portes, 10 par 10. Puis on a dit « on bouge pas de la cour, si on meurt on veut mourir ensemble, on bouge pas ». Ils nous ont sortis avec la force, 10 par 10, pour aller de l'autre coté dans le gymnase. Ils ont frappé avec les gaz, les matraques, bousculade, poussé. Ils ont réussi à nous mettre tous dans le gymnase. Il n'y avait pas de fenêtre, il y avait du gaz dans le gymnase, les gens ont commencé à tomber partout, ils ont appelé les pompiers. Puis, ils nous ont emmenés dans la cour de l'école de police avec la force. 5 par 5. Là, il y avait des gendarmes avec les CRS. Il nous tapaient parce que nous on disait qu'on voulait rester ensemble. Dans cette cour il y avait tout le monde, sauf les malades qui étaient sur des brancards avec des médecins. Les gendarmes nous ont entourés avec des camionnettes, il ont laissé qu'un seul passage. A 23H ils ont dit « tout le monde venez manger », on a dit « personne ne mange ». Ceux qui ont accepté sont partis manger 10 par 10. Les 10 premiers ne sont jamais revenus, on a dit qu'on irait que s'ils revenaient. Finalement d'autres sont quand même allés manger mais pas moi. On a entendu qu'il y avait une manifestation dehors. Ils nous ont dit que si on voulait pas manger, on pouvait aller chercher nos affaires dans un coffre [là où les retenus déposent leurs affaires importantes à leur entrée dans le centre]. 3 par 3. On a dit « on bouge pas, c'est des conneries, ils vont nous emmener: il en a qui y sont allés les deux premiers groupes ne sont pas revenus ». Un monsieur, je crois que c'était le chef de police, a demandé si on a un délégué. On a dit qu'on est tous ensemble que ya pas de délégués ni de responsable. Ils ont commencé à parler avec Koné [celui qui est parti en GAV, accusé avec Ali d'incitation à l'émeute et d'incendie criminel, relâché mercredi soir]. Koné a demandé à aller voir ce qui se passe, on lui a dit de pas y aller, qu'il allait pas revenir. Ils ont dit qu'ils voulaient parler avec lui. Il n'est pas revenu. On a dit on bouge pas parce qu'il est pas revenu. Le chef a dit que de toute façon on dort pas ici. On a dit qu'on veut savoir ce qui se passe et on bouge pas. Après avoir emmené Koné, ils nous ont fait passer 5 par 5 et 7 par 7 pour aller plus vite. Là, ils nous ont demandé notre carte [qui était remise aux retenus à leur arrivée au centre de Vincennes], ils ont vérifié notre nom. Sur la carte il y a une photo, l'adresse de Vincennes, nos nom, prénom, nationalité, jour d'entrée dans le centre. C'est une carte qu'on lit avec une machine. J'ai donné la mienne, ils m'ont fouillé ils n'ont rien trouvé, ils m'ont donné mes affaires, mon portable et ils nous ont ramené dans le gymnase. On était tous là sauf Ali et Koné. Ils nous ont fait sortir un par un, avec deux gendarmes par personne qui nous tenaient par chaque bras jusqu'au bus. Ils nous ont pas dit où ils nous emmenaient. On a entendu qu'il y en a qui partaient à Marseille, à Nantes. Il y avait 3 bus. Ils ont vérifié le nombre de personnes. Il y avait beaucoup de gendarmes devant et derrière. On est parti à 2h du matin, on est arrivé à Lille à 6h du matin. Directement sans s'arrêter, avec des motos et des petites voitures de police devant, derrière, partout. Dans le bus, ils ont ouvert les fenêtres, il faisait froid, on avait pas de bons vêtements, on a demandé qu'ils ferment ils ont refusé et ils nous ont répondu qu'ils étaient chez eux et qu'on devait rentrer chez nous. Les 3 bus sont allés à Lille. On est d'abord allé dans le nouveau centre mais il n'y avait pas assez de place pour tout le monde. Ici on est dans le plein centre ville, dans un ancien centre fermé depuis deux ans qu'ils ont rouvert exprès pour nous y mettre. Ici il n'y a pas d'eau chaude, pas de chauffage, il fait froid. On était 55 personnes de Vincennes à aller à Lille. Il y a eu des libérations, ils disent qu'il en reste 47 sur les deux centres. [A propos de la rumeur qui parle d'un deuxième mort dimanche:] J'en ai entendu parler. A Vincennes il y avait une petite chambre d'isolement pour nous punir. J'ai vu les policiers amener un monsieur en isolement, on sait pas s'ils l'ont fait sortir, on l'a pas revu. Moi je le connais pas, il était arabe. Les travestis, je les ai vu sortir du gymnase mais je sais pas où ils ont été emmenées. A Lille, on a pas d'infos, la cuisine est pas préparée ils nous donnent à manger froid, on mange pas bien. Ils viennent nous chercher avec des CRS. Ils nous traitent comme des criminels. Ils nous fouillent tous les jours. Ya pas de cartes. Ils nous comptent tous les jours, pas comme à Vincennes, c'est quand on vient de manger, quand on sort de la cantine. Chambres de 2, 3, ou 4 personnes. Il y a des toilettes pour chaque chambre, mais les douches sont dans le couloir. Ya qu'une seule cabine téléphonique, l'autre marche pas bien. Même celle qui marche, on s'entend pas, il faut taper. La Cimade essaye de faire une défense pour demander la libération collective des gens de Vincennes. Ils ont pris une personne de Vincennes de chaque centre pour aller devant le juge. Ils l'ont fait une première fois mercredi mais c'est pas réussi. Ils y sont retournés ce matin, j'ai rien compris, je crois qu'ils font un recourt. Ils sont partis ce matin on a pas encore de nouvelles » fermeturetention@yahoo.fr
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