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Libre rage ( relais et point de chute !)
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Libre rage ( relais et point de chute !)
18 mars 2010

Le plus grand centre de rétention de France ouvre près de l'aéroport de Roissy

  "Nombre de places disponibles en CRA de 943, en 2005, à 1 959 fin 2010."

POUR RAPPEL  MANIFESTATION  SAMEDI 20 MARS 15H30 DEVANT LE CRA 1 DU MESNIL
AMELOT POUR NOUS DIRIGER VERS LA PLUS GRANDE PRISON POUR ETRANGERS ENFANTS
COMPRIS!
  AVEC  MEME SON TRIBUNAL : POUR UNE JUSTICE D'EXCEPTION!

le Monde du 17 mars
Le plus grand centre de rétention de France ouvre près de l'aéroport de
Roissy

De conception carcérale, ce centre a une capacité d'accueil de 240 places.
La Cimade le qualifie de " camp d'internement pour étrangers "

   

Deux grandes structures contiguës de type carcéral reliées par une
passerelle et entourées de hauts grillages, de barbelés, de haies épineuses
et d'un chemin de ronde : il ne s'agit pas d'une nouvelle prison, mais bien
d'un centre de rétention administrative (CRA), le plus grand jamais
construit en France. Il devrait ouvrir ses portes d'ici à la fin du mois.
Situé au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), près de l'aéroport
Paris-Charles-de-Gaulle d'où partent nombre d'expulsés, ce centre, érigé à 1
km d'un premier de 140 places, pourra accueillir 240 étrangers en situation
irrégulière.

L'ouverture de ce nouveau CRA, qualifié de " camp d'internement pour
étrangers " par la Cimade, une association habilitée à intervenir en
rétention, intervient alors que le ministre de l'immigration, Eric Besson,
s'apprête à présenter en conseil des ministres un nouveau projet de loi
visant " à simplifier " les retours forcés d'étrangers en situation
irrégulière (Le Monde du 13 février). Officiellement, le nouveau centre, que
Le Monde n'a pas été autorisé à visiter, est composé de deux structures
distinctes de 120 places - la législation limite la capacité d'accueil à 140
places par centre de rétention. En 2008, le contrôleur général des lieux de
privation de liberté s'inquiétait de " la fiction de "plusieurs centres"
placés en un même lieu ".

La Cimade, qui a pu le visiter, évoque un espace " sécuritaire " et "
totalement déshumanisé ". A l'intérieur, " de multiples caméras de
vidéosurveillance et détecteurs de mouvements permettront aux policiers,
depuis une tour de contrôle, de contrôler en permanence ce que font les
personnes retenues ". Le haut des portes des chambres est vitré, interdisant
toute intimité.

L'association note par ailleurs que l'accès aux lieux d'aides (infirmerie,
local associatif, Office français de l'immigration et de l'intégration) et
aux pièces de visite (familles, avocats, consulat) n'est pas libre comme
c'est le cas dans d'autres CRA : " Il ne pourra se faire qu'après le
franchissement de plusieurs grilles et portes à fermetures magnétiques que
les policiers actionneront à distance par un système d'interphone. "

Un dispositif qui laisse craindre à la Cimade des problèmes d'accès aux
intervenants extérieurs. L'association se dit d'autant plus inquiète que 40
places sont réservées à des familles, ce qui induit l'accueil d'enfants.

En juillet 2009, à la suite d'une enquête sur la gestion des CRA, la Cour
des comptes s'alarmait de la construction de ce centre. " Le nouveau projet
du Mesnil-Amelot va entraîner une concentration massive de retenus dans le
secteur, avec de grands risques d'effets néfastes ", relevait-elle. " Il est
certes prévu plusieurs zones de vie différentes, mais celles-ci, contiguës
et séparées par des grilles, risque de n'atténuer que faiblement l'effet de
masse ", insistait la haute juridiction déplorant qu'aucun enseignement
n'ait été tiré des incidents du centre de Vincennes.

Le 22 juin 2008, théâtre depuis plusieurs mois de vives tensions, le CRA de
Vincennes, alors le plus important de France avec une capacité de 280 places
(deux fois 140), avait été ravagé par un incendie après le décès d'un
Tunisien âgé de 41 ans - le jugement de l'affaire est attendu mercredi 17
mars. Trois mois avant le drame, la Commission nationale de contrôle des
centres et locaux de rétention administrative et des zones d'attente
qualifiait ce centre de" chaudron qui peut se mettre à exploser au moindre
incident ". La Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS)
soulignait elle aussi le risque qui découle de la concentration d'un "
nombre excessif de retenus ".

Pour la Cour des comptes, " il peut être considéré qu'au-delà de 80 places,
le CRA devient une sorte "d'usine à éloigner" peu propice à l'attention
individuelle que doit recevoir chaque retenu, ne serait-ce que pour éviter
qu'il s'oppose à son retour ". La police aux frontières, insistait la Cour,
reconnaît elle-même que les très grands centres engendrent des risques de
trouble à l'ordre public, une moindre individualisation du suivi
psychologique et une moindre disponibilité des personnels envers les
retenus. Même avis du député UMP Thierry Mariani, auteur d'un rapport
d'information sur les centres de rétention, qui plaide pour que ces lieux
gardent une " taille humaine " en ne dépassant pas 60 à 80 places.

Ces mises en garde n'ont pas empêché le gouvernement de reconstruire le
centre de Vincennes en trois modules de 60 places (pour un total de 180
places) et de finir le projet d'extension du centre du Mesnil-Amelot.

Au total, le " plan de rénovation " des CRA engagé en 2006 portera le nombre
de places disponibles de 943, en 2005, à 1 959 fin 2010.

Laetitia Van Eeckhout

   
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