Le procès de Bouygues contre les webmasters n'a pas eu lieu
Le tribunal
correctionnel de Paris a annulé vendredi les poursuites du
groupe
Bouygues contre des administrateurs de sites qui avaient appelé au
sabotage
de l'entreprise en 2004.
"On aurait voulu que l'affaire soit
examinée au fond. Au moins, cela
aurait permis de clarifier les
choses." Une déclaration étonnante de la
part d'un ex-prévenu tout
juste relaxé des poursuites engagées à son
encontre.
Ce
webmaster désireux de garder l'anonymat était poursuivi avec trois
autres
personnes pour avoir diffusé, en décembre 2004, des appels à une
semaine
d'action contre le groupe Bouygues. A l'époque, ils entendaient
protester
contre la construction par le géant du BTP de centres de
rétention
en Europe. Selon l'accusation, des dizaines de magasins du
groupe
avaient alors été saccagés.
Si le lien entre ces dégradations et
les publications des différents
sites visés (Réseau anti-pub,
Indymedia Paris, Pajol, CNT) n'a pas été
prouvé, ce n'est pas sur ce
fondement que le tribunal a prononcé la
nullité des poursuites. Le
tribunal a surtout retenu deux points de pure
forme. Tout d'abord,
une certaine abstraction: avant le procès, les
prévenus ne s'étaient
pas vus préciser les peines encourues. Ensuite, la
longueur excessive
de l'instruction: 4 ans et 3 mois.
Bien que soulagée pour son
client, l'avocate Me Agathe Livory regrette,
elle aussi, l'absence de
débat sur le fond: "Le grand déballage n'a pas
pu avoir lieu." Les
webmasters auraient voulu que ce procès soit
l'occasion de dénoncer
les pratiques de l'entreprise en matière de
construction de centre
carcéraux. De son côté, l'avocat de Bouygues, Me
Benjamin Grundler,
s'est accordé un temps de réflexion avant de décider
s'il convient de
faire appel: "Nous ne savons pas encore si nous le ferons,
il y a un
problème d'interprétation des textes, nous prendrons notre
décision
en début de semaine prochaine."