Les femmes de Fleury font de la résistance
Aucune surveillante à l'étage. Ca
continue à frapper et crier dans le bâtiment T4. Dans notre aile la
fumée s'est apaisée mais toujours personne pour nous rassurer
ou nous expliquer, de toute manière la surveillante a déserté notre
étage tandis que les filles continuent à crier et à frapper. En fait,
comme le feu a pris en bas au rez de chaussée sous l'aile
E4 où les pompiers et les surveillants se rendent logiquement dans
la cellule du départ d'incendie. Une fille suicidaire qui a mis le feu.
Mais la fumée est montée s'introduisant dans plusieurs
cellules de la division E4, c'est pour cela que les filles
continuent à taper dans les portes. Une fille à terre avec un chiffon
mouillé sur le nez et la bouche. Sa cellule est encore noire de
suif. Presque ¼ d'heure après une gradée rentre dans sa cellule et
la repousse à l'intérieur en lui disant: " d'arrêter son cinéma
".Quelques temps après elle part à l'hôpital. Elle l'a échappé
belle car elle a eu les bons réflexes. Moi à sa place j'aurai fait
une crise d'angoisse et la fumée aurait mis peu de temps à m'achever.
Dans notre aile nous ne savons pas ce
qui se passe. L'odeur de cramé, les cris, pas de renseignements nous
continuons à angoisser. C'est lorsqu'il ramène une fille
qui a cassé la vitre sous l'oeilleton prise de panique par la fumée
qui montait. Elle est obligé aujourd'hui de payer la casse lié à la
panique un comble. Plus de deux heures après on entend les
surveillantes et une fille nous raconte ce qui s'est passé. Le
lendemain tout le monde est encore sous le choc et hier encore, les
filles ne sont pas encore remises. Donc, le lendemain, à la fin
de la promenade nous bloquons et refusons de monter dans nos
cellules. Les basques avaient quant à elles donné un préavis pour un
blocage d'une demie heure. La fille qui a failli mourir est
basque. Mais nous sommes toutes concernées donc d'autres filles
participent au blocage. D'autres (presque toutes) qui la veille criaient
et pleuraient à leur fenêtre veulent rester mais elles ont
peur des représailles. Nous restons. Le lendemain, certaines qui ont
participé au blocage reçoivent des menaces pour leur parloir, certaines
ne sont pas appelées à leur travail. L'AP a décidé de
faire du chantage. Ok, donc sans un mot pour prévenir nous refusons
de regagner nos cellules. Monsieur Viraye le chef de détention sort dans
la cour, (enfin sur le perron à côté de la porte).
Sait on jamais si nous étions prise d'une crise de violence. Mais
dés que nous lui disons que nous avons failli mourir et que nous avons
eu peur, que chacune de nous aurait pu mourir à cause du
feu ou de l'angoisse (crise cardiaque etc) et que les chantages et
les pressions sont inadmissibles. Là, il se verrouille comme une porte
de prison qu'il est. Une basque le traite de lâche.
Tandis qu'il lui dit qu'elle sera demain dans son bureau, nous
entonnons " lâche, lâche, lâche ". Il est dégoûté. Il nous a osé nous
dire que le feu de l'autre soir était son problème et que les
filles n'étaient pas là. On étaient juste bien rangées dans nos
cellules.
Pour minimiser le fait que d'autres
filles que les basques avaient participé au mouvement. Nous nous serions
laissées entraîner. Bien sur on était pas là. Nous
n'existons pas. C'est pour ça que je témoigne car cette histoire est
grave et ne doit pas rester prisonnière des hauts murs et de mon
esprit. J'ai eu très peur et du côté des prévenues nous avons
toutes flippé. Le feu dans une cellule te le reste de la détention
est oubliée.
La fille qui a mis le feu est
suicidaire a retrouvé sa cellule quatre jours après dans la même aile
sous la E4, sans prise en charge, alors que visiblement, cette
jeune femme a besoin d'aide. En attendant son prochain passage à
l'acte.
PS Femme de Fleury
http://femmesdefleury.blogs.nouvelobs.com/blog