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Libre rage ( relais et point de chute !)
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Libre rage ( relais et point de chute !)
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Libre rage ( relais et point de chute !)
28 novembre 2011

POURQUOI ON RESTERAIT CALME ??!

Qu’elles abîment des majeures ou des mineures, les prisons sont
régulièrement et depuis toujours secouées par des révoltes. Quel que
soit le nom donné aux différentes structures pénitentiaires : le bruit
de la clé dans la serrure d’une cellule est une torture quotidienne,
l’isolement une abomination, la fin du parloir une souffrance, et le
temps enfermé un sablier qui tue à petit feu.

En mai 2011, la quasi totalité des détenus de l’Établissement
Pénitentiaire pour Mineurs (EPM) de Lavaur se révolte et saccage des
dizaines de cellules. La réponse de l’Administration Pénitentiaire
(AP) et de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) est
tristement banale : mesures d’isolement, conseils disciplinaires,
transferts, ainsi qu’une descente des Équipes Régionales
d’Intervention et de Sécurité (ERIS), spécialistes cagoulés du matage
des luttes en prisons. Pendant qu’on détruit un peu plus les gamins
pour leur apprendre qu’ici, on ne se révolte pas, les éducateurs et
éducatrices de la PJJ saisissent l’opportunité médiatique pour
apitoyer sur les conditions de leur travail avec ces « enfants
irrécupérables ».

Le discours porté alors par les torchons locaux, nationaux et autres
porte-paroles du maintien de l’ordre ne parvient pas à duper tout le
monde. Un certain nombre de personnes touchées par la colère
qu’expriment les jeunes détenus décide de manifester leur solidarité.
Chercher à capter leur version des faits, réfléchir les moyens de la
faire circuler, casser la condamnation unanime de cette révolte, faire
savoir à l’intérieur que dehors des gens se bougent et pensent à
eux...

Le simple fait de se rendre le plus souvent possible à Lavaur aux
heures de parloir pour rencontrer les familles et discuter avec les
proches étonne, dérange et irrite les autorités locales qui
s’empressent de faire appel aux gendarmes pour empêcher tout échange.

Le 5 juillet dernier, une dizaine de personnes ont pénétré dans les
locaux de la Direction Interrégionale de la PJJ, à Labège dans la
banlieue de Toulouse, pour manifester contre l’incarcération des
mineurs. Selon La Dépêche du 6 juillet, qui s’appuie sur les
déclarations faites aussitôt à la presse par le procureur de la
République Valet, ces personnes étaient « “armées” de bouteilles dont
elles ont déversé le contenu sur les bureaux et les ordinateurs. Un
liquide marron au relent d’ammoniaque et qui pourrait contenir de
l’urine et des excréments humains ». Elles sont reparties « après
avoir lancé des tracts qui contiendraient des propos injurieux sur
l’action éducative menée par la PJJ ». Si l’acte réalisé à Labège n’a
pas été revendiqué, il est survenu quelques semaines après celui
d’Orvault, en Loire-Atlantique, où des gens ont écrit sur les murs de
la PJJ de Nantes : « L’EPM tue » à la suite du suicide d’un mineur
placé dans l’établissement pénitentiaire pour mineurs de cette ville.

L’action aurait « traumatisés » les éducs et le personnel qui
s’affairaient à leur tâche de chaque jour : séparer des mômes de leurs
proches et de leurs familles jugées inaptes à les élever, enfermer des
enfants dans une multitude de structures plus répressives les unes que
les autres ( centres éducatifs renforcés, centre éducatifs fermés,
prison pour mineurs...). Qui traumatise qui ?

Quatre mois plus tard, le mardi 15 novembre à Toulouse, 7 domiciles
sont perquisitionnés par une centaine de gendarmes qui saisissent
ordinateurs, téléphones, livres, affiches et effets personnels de
touTEs les habitantEs. A l’issue de ces perquisitions, 7 personnes
sont placées en garde à vue, 4 autres sont auditionnées, et une
famille en cours de régularisation est arrêtée puis relâchée dans la
journée.

Après 32h de garde à vue, 4 sont placées en détention provisoire sur
demande du juge d’instruction Suc. Une cinquième est placée sous
contrôle judiciaire, une sixième doit rester à disposition du juge
pour le reste de l’instruction en tant que « témoin assisté ».

Illes sont mis en examen pour : « participation à un groupement formé
en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de
destruction ou de dégradations de biens », « violence commise en
réunion sans incapacité » et « dégradation ou détérioration du bien
d’autrui commise en réunion ». Tout ça pourquoi ? Deux tags et un
sceau de caca ? Le fait de visiter en journée certains collaborateurs
de l’enfermement semble relever d’un intolérable culot. Mais soyons
sérieux, au regard de la situation faite aux mineurs détenus, et plus
largement à l’ensemble de la population carcérale, cette action paraît
bien modérée. Qui se fout de la gueule de qui ?

La Police contrôle, pacifie, tue. La Justice enferme, anéantie, tue.

La répression n’est pas aveugle et encore moins anodine. Elle vise
celles et ceux qui, malgré leur position dans la société qui les
voudrait pauvres et dociles, refusent ce sommeil. Un jour les « anars
», un jour les étudiantes, un jour les ouvriers grévistes, la liste
des mouvements sociaux criminalisés est infinie…

Sur Toulouse, pendant le mouvement des retraites des personnes écopent
de mois de sursis pour un tag, à la fac des étudiantes sont condamnées
pour une occupation pendant une grève, dans les boites des travailleur-
euses sont sanctionnées pour telle ou telle action, des squats où l’on
fait intervenir le GIPN et où la justice prend des licences avec ses
propres règles.

Ce n’est pas un milieu que l’on cible, c’est la capacité d’action de
toute lutte. Dès que la contestation sort du cadre légal qui ne laisse
d’autre choix que d’organiser une jolie manifestation plonplomb
déposée en préfecture, on s’expose à une répression aussi mégalo que
ses commanditaires. Saupoudrons le tout de termes tels que « mouvance
anarchiste », « anarcho-autonome », « gauchistes », que la justice et
les médias affectionnent tant et la tambouille médiatico-judiciaire
est servie ! Cuisine rendue volontairement indigeste pour faire croire
que ces luttes ne concernent qu’une bande d’inadaptés extrémistes et
incurables. Alors qu’à Toulouse comme ailleurs, la police et les corps
répressifs sont partout, nous pourrissent la vie à tous et toutes, des
banlieues au centre-ville, en effectif toujours plus nombreux et
toujours plus armés. Ce qu’ils appellent « ville propre » c’est une
ville livrée aux bourgeois et au commerce, mortifère, aseptisée, où
rien ne dépasse et où tout est sous le contrôle des caméras, des
forces de l’ordre, des "bons citoyens". Qui terrorise qui ?

Qu’illes aient ou non fait partie de l’expédition qui nous avait
réjouit à l’époque, nous sommes solidaires des inculpé-es

Nous ne voulons pas de ce monde qui nous contrôle et nous emmure.

Leurs matraques ne nous feront pas taire, ni marcher d’un seul pas !

Au contraire, exprimons notre solidarité avec rage et détermination !

Exigeons l’arrêt des poursuites et la libération pour les inculpés du
15 novembre !

Les murs nous enferment, attaquons toutes les prisons !

Laissez libre cours à votre imagination pour tout acte de solidarité
dans chaque ville

nonal...@riseup.net pour les thunes, envoyez vos chèques à l’ordre de
« Maria », CAJ c /o Canal Sud 40 rue Alfred Duméril 31400 Toulouse

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