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Libre rage ( relais et point de chute !)
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Libre rage ( relais et point de chute !)
26 août 2014

Extrait d'une lettre de Marwa de Gaza.

"Je suis en colère et n'est-ce pas normal? Comment pourrais-je accepter ces morts? Comment pourrais-je accepter cette violence foudroyante dirigée contre les civils que nous sommes? Comment diantre devrais-je accepter cette guerre? Ces guerres? Ce blocus inhumain imposé par Israél et par l'Egypte? Ces coupures d'électricité incessantes nous plongeant chaque jour de plus en plus dans la pénombre de la vie?
Comment faire face à tout cela? Vous me répondrez peut-être que l'exil est notre seule chance. Mais même cela nous est impossible.
Les frontières terrestres sont fermées. Il n'y a pas d'aéroport à Gaza. Aucune possibilité non plus de passer par la mer. Nous sommes condamnés non pas à l'exil, mais à la mort. Je me suis résignée à cela. Il y a de fortes chances que ma vie soit plus courte que la tienne. Je l'accepte si tel est mon destin, mais s'il te plait, toi à qui j'écris, toi qui me lis, fais en sorte que ma mort et celle de tous ceux partis ne soient pas vaines. Fais que les prochaines générations de Palestiniens puissent se lever en voyant le jour, en appréciant les rayons du soleil et la vue à l'horizon. Je t'en prie, fais qu'ils ne connaissent pas ce sentiment de peur terrible qui m'anime. (...) " 

Voici sa lettre ( source : barakacity ) : 

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Une voix pour Gaza

Je m'appelle Marwa Abulaban, j'ai 23 ans. Depuis une pièce de notre maison familiale située dans le quartier Al-Zaytoone à Gaza, je veux te raconter ce qu'est ma vie, ce qu'est notre vie. Mon quotidien, j'ai besoin de le partager avec toi. Toi qui me liras, je l'espère, sans préjugés depuis ton confort et ta sécurité que j'envie.

Voilà plus d'un mois que je vis au rythme des bombardements israéliens. Je n'ose pas aller me coucher, car je crains de ne plus jamais me réveiller, de ne plus voir le soleil briller, de ne plus sentir la chaleur de ses rayons sur mon visage. J'ai peur que notre maison soit bombardée. Les drones sont constamment là, à la recherche de leurs futures cibles. Tout d'un coup, une bombe explose. Le bruit est assourdissant. Les murs de la maison tremblent. S'en ensuit le bruit cinglant des sirènes des ambulances, puis des cris, les cris d'hommes, de femmes, d'enfants que la mort est venue frapper. Ce quotidien me rappelle chaque jour l'enfer que je vis, que nous vivons.

La guerre n'est pas un simple mot. Ce n'est pas un concept que je découvre dans les livres d'histoire. La guerre, je la vis, chaque jour. La guerre est mon quotidien. Elle m'a tout pris, mes rêves, mes espoirs, mon innocence et plus récemment mon frère.

Lorsque j'ai appris la nouvelle, mon coeur s'est arrêté. Des larmes d'incompréhension m'ont envahie. Pourquoi? Pourquoi mon grand frère? Pourquoi lui? Lui qui n'avait que 28 ans. Ibrahim était un jeune homme plein de vie, d'une gentillesse infinie, toujours prêt à aider son prochain. Son sourire était son identité. Son visage, je ne l'oublierai jamais, ce visage si froid lorsque je lui ai adressé mon dernier adieu. Je l'aimais tant et la guerre me l'a arraché. Israel m'a à jamais privé de cet amour fraternel.

Je suis en colère et n'est-ce pas normal? Comment pourrais-je accepter ces morts? Comment pourrais-je accepter cette violence foudroyante dirigée contre les civils que nous sommes? Comment diantre devrais-je accepter cette guerre? Ces guerres? Ce blocus inhumain imposé par Israél et par l'Egypte? Ces coupures d'électricité incessantes nous plongeant chaque jour de plus en plus dans la pénombre de la vie?

Comment faire face à tout cela? Vous me répondrez peut-être que l'exil est notre seule chance. Mais même cela nous est impossible.

Les frontières terrestres sont fermées. Il n'y a pas d'aéroport à Gaza. Aucune possibilité non plus de passer par la mer. Nous sommes condamnés non pas à l'exil, mais à la mort. Je me suis résignée à cela. Il y a de fortes chances que ma vie soit plus courte que la tienne. Je l'accepte si tel est mon destin, mais s'il te plait, toi à qui j'écris, toi qui me lis, fais en sorte que ma mort et celle de tous ceux partis ne soient pas vaines. Fais que les prochaines générations de Palestiniens puissent se lever en voyant le jour, en appréciant les rayons du soleil et la vue à l'horizon. Je t'en prie, fais qu'ils ne connaissent pas ce sentiment de peur terrible qui m'anime. Fais en sorte qu'ils ne connaissent que la joie et l'insouciance de l'enfance. Que leur vie soit aussi remplie que la tienne, fais qu'ils connaissent tout simplement, un jour, le goût de la paix. Cette paix qui nous aura tant coûtée

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Marwa Abulaban-Gaza-Palestine

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