papiers
Qu’est-ce que l’on peut faire de tous ces regards d’enfants laissés à la dérive d’un avenir déjà à six ans compromis ?
Qui peux les regarder fixement et s’en sortir ? Tu oserais leur mentir ?
Ils tendent leurs mains vers toi comme pour se protéger d’un quelconque abandon sans précédent
Si tu veux mentir, eux ils ne peuvent que ressentir et attendre
Attendre quelque chose de la part des grands
Si ils m’avaient demandée je leur aurais dit sans faux semblant qu’il faut courir et ne pas se retourner
Si les choses étaient plus simples bien sûr mais ils doivent subir cette atmosphère
Aucun geste n’est et ne peut être anodin et non réfléchi
Les berceuses sont depuis longtemps dépassées
Ils cherchent à s’accrocher, à quelque chose ou à quelqu’un
Une petite fille court et vous aggripe et vous la laisseriez tomber ?
Sous pretexte de
Quel prétexte est valable ?
On ne peut pas leur parler pour rien leur dire
Ils ne vont pas mendier mais voudrait tant recueillir au fond de leurs cœurs, une petite paix, un rien de rassurement
Ils arrivent encore à dire merci ; mes yeux, mon corps et mon esprit en est totalement dépassé
Je me dis que je ne sais pas comment je fais pour être française
Je n’arrive pourtant pas à délier une racine, je ne sais pas si j’en ai véritablement et eux pourtant
Pourtant
Ma face blanche qui pourrait recouvrir une vieille saleté d’honorabilité m’équivaut alors plus de vulnérabilités
On ne choisit pas à quoi on ressemble et où ont naît
Où on naît
Où on est ?
Comment on peut exister en en laissant crever ?
La petite fille s’agrippe à moi et je crois que si elle le pouvait elle ne me quitterait plus parce que je représente une certaine sécurité
Ils nous ont aliénés avec leurs questions de sécurité et alors que l’on en a à peine eue, qu’elle existe à peine, on torture, on retire toute chance à ceux qui demande la simple assurance d’un devenir, eux qui se passent de bien matériel
Cette simple assurance de devenir est devenue impossible à acquérir
C’est un vrai bidonville dans lequel on les laisse vivre
« Vivre » est-ce que « l’occidentaux moyen » pourraient appeler ça vivre ?
Voyez Ils peuvent faire la grève de la faim dans le silence le plus macabre, dans l’attente constante de ce qu’ils appellent la régularité
De quoi peuvent-ils parler ces hommes d’états qui ne font que braver le vent dans des tourments qui ne les atteignent ?
Ils font la grève de la faim dans le vaste silence et l’harmonie d’un hangar, d’un garage ou d’un gymnase
Ils ne pleurent sans doute même pas ou si certains pleurent, c’est pour assouvir leurs soifs et leurs peines
Ils pourraient encore prier pendant que je me sens hagard et que pour eux on a les jetons, et ça en coupe toute notre parole, notre quelconque pouvoir qui n’en est pas s'il n’y a pas d’entraide
La France comme nouveau départ ou la France comme abattoir ?
La France ne pue pas les immigrés mais la raclure malfamée des politiciens qui se traînent dans la diffamation et la corruption avec ces contrefaçons austères
Ils disent qu’il n’y a pas de logement, à peine d’emplacement et sont capable d’investir dans des conneries, des campagnes publicitaires
Ils voudraient faire diversion
Divertissons avec la mort, faites nous jouer, tourner encore et encore
On les entassent, leur laisse la crasse, c’est ainsi que la France accueille, les uns sur les autres les passe au Kärcher…
La vie n’a plus de prix, plus de choix, un état, aucun exploit.
Est-ce que nous nous sommes demandés un jour la normalité de nos papiers ?