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Libre rage ( relais et point de chute !)
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Libre rage ( relais et point de chute !)
14 décembre 2007

«La pression de l’administration et de la police sur les sans-papiers est maximale»

Damien Nantes, responsable à la Cimade du service de défense des étrangers reconduits : Recueilli par CATHERINE COROLLER ( libé ) Damien Nantes est responsable à la Cimade du service de défense des étrangers reconduits (service œcuménique d’entraide). Cette association es le seul représentant de la société civile présent dans les centres d rétention par où transitent tous les sans-papiers en instance d’expulsion Nicolas Sarkozy a fixé à Brice Hortefeux, ministre de l’Immigration, un chiffre de 25 000 expulsions pour 2007. Selon certaines rumeurs on serait entre 16 000 et 20 000, quelle est votre appréciation ? Je pense qu’on n’atteindra pas l’objectif. Dans ses dernières déclarations, il y a quelques semaines, Hortefeux s’est référé à des chiffres globaux incluant l’outre-mer au lieu de la seule métropole [les 25 000 ne concernent que la métropole, ndlr]. Cela lui a permis d’annoncer un total de 28 000 reconduites. Mais, malgré la pression mise sur l’outre-mer, ce chiffre est inférieur de 2 000 à celui de 2006 qui était de 30 000. La pression sur les sans-papiers est-elle particulièrement forte dans les DOM-TOM ? A Mayotte et en Guyane, le nombre des reconduites est très important. De l’ordre de 16 000 par an à Mayotte. Et le gouvernement ne s’embarrasse pas de détails. Il n’essaie pas de savoir de quels pays les gens viennent pour les renvoyer vers chez eux. A Mayotte, il les met dans un bateau vers les autres îles de Comores. En Guyane, il dépose les Guyanais, Surinamiens, Brésiliens juste de l’autre côté de la frontière. A Mayotte justement, une vedette de la police aux frontières (PAF) a heurté une embarcation de migrants comoriens dans la nuit du 3 au 4 décembre, tuant une femme et un enfant tandis que trois personnes sont toujours portées disparues, Où en est l’enquête? Le ministère de l’Immigration avait annoncé l’ouverture d’une enquête confiée à l’IGPN [Inspection générale de la police nationale, ndlr] sur les conditions de ce naufrage. Des témoignages indiquent en effet que la PAF aurait volontairement heurté la pirogue. Mais il y a des incertitudes sur le fait de savoir si cette enquête va effectivement être déclenchée. Les corps de la femme et du bébé ont été confiés par la police à une entreprise privée qui demande de l’argent aux familles pour restituer les corps. Du coup, l’enterrement du bébé n’a toujours pas eu lieu. Les survivants ont été placés en rétention puis libérés, d’abord les enfants, puis les adultes. Ils craignent d’être renvoyés aux Comores. En France, les centres de rétention affichent-ils complet ? Cela dépend des centres. En région parisienne, le taux de remplissage est maximal. Certains centres de province ne sont pas totalement pleins, celui de Nîmes par exemple, qui est tout neuf. Vous ne constatez pas une brusque augmentation des placements en rétention ? La pression de la police et de l’administration préfectorale est quasiment maximale, c’est difficile d’aller plus loin. Il y a eu des interpellations dans les transports publics, les gares, des rafles dans des entreprises, à la sortie de chantiers… En 2006, 30 % des expulsions ont concerné des Roumains et des Bulgares. Ils sont très facilement repérables. Il y a eu beaucoup d’arrestations dans les camps de Roms. Mais arrêter des clandestins qui travaillent, qui vivent tranquillement n’est pas si simple. Quelles nationalités sont présentes dans les centres de rétention ? Depuis un ou deux ans, on voit des Chinois ce qui est nouveau. Sinon, on trouve les nationalités classiques, une majorité de Maghrébins, la plupart Algériens, des Turcs, Indiens, Afghans… Ce que je trouve un peu paradoxal c’est que la France a annoncé récemment étudier la possibilité d’accueillir des réfugiés irakiens, notamment chrétiens. Or on voit des Irakiens placés en centre de rétention et expulsés… Qu’est-ce qui vous a le plus choqué en 2007 ? Le placement en rétention d’un bébé de trois semaines, de femmes enceintes, de gens âgés : un Marocain de 70 ans atteint de la maladie d’Alzheimer… On assiste aussi à une multiplication des gestes de désespoir. On a eu un suicide en 2006 à Marseille, un autre en 2007 à Bordeaux… Qu’attendez-vous pour 2008 ? On est inquiets d’un projet de directive qui prévoit de porter la durée de rétention à dix-huit mois [contre trente deux jours aujourd’hui, ndlr]. Auparavant, la privation de liberté durait le temps d’organiser l’expulsion de l’étranger - la majorité des expulsions se font dans les quinze jours. Avec cet allongement, la détention change de nature. La privation de liberté devient un mode de gestion des gens qui demandent un titre de séjour. On les enferme le temps d’instruire leur dossier. Mais j’ai le sentiment que la France n’est pas très pour. La rétention telle qu’elle existe coûte déjà énormément d’argent. Un tel allongement demanderait une considérable augmentation des moyens. Source : libération.fr
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