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Libre rage ( relais et point de chute !)
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Libre rage ( relais et point de chute !)
18 août 2010

vendredi 20 août 2010 A vrai dire, puisque les

vendredi 20 août 2010

A vrai dire, puisque les démocraties occidentales envoient des milliers
d’hommes – en uniformes verts et lourdement armés – dans tous les coins du
monde, nous pourrions aussi considérer l’immigration à l’envers. Ils y
vont pour « maintenir la paix » et « réaliser des missions humanitaires ».
Accompagnés d’une armée charitable d’uniformes blancs, comme la
Croix-Rouge, qui se chargent partout de la gestion des misérables camps de
réfugiés, la Démocratie envoie ses fils et vend des quantités énormes
d’armes à d’autres Etats, dictatoriaux ou pas.

En nous en tenant aux chiffres officiels, nous constatons qu’il n’y a
jamais eu dans l’histoire autant d’hommes impliqués dans des conflits
armés. Cette mobilisation générale ne se retrouve pas uniquement dans des
contrées arides et lointaines comme l’Irak. Elle ne prend pas seulement la
forme d’armées et de spécialistes qui sont envoyés là-bas, mais on la
retrouve aussi dans l’exil de millions de gens, dont une partie arrive
jusqu’en Europe. Il est alors clair qu’il existe aussi quelque chose comme
un front intérieur dans l’enceinte même des pays démocratiques.

Le nombre de pauvres augmente, des pauvres d’ici et de là-bas. Et le plus
grand progrès n’est peut-être pas tellement toute cette nouvelle
technologie, mais l’approfondissement du fossé entre les riches et les
pauvres. Pendant des années, l’Etat a cherché à éteindre les luttes
sociales qui s’opposaient à lui en octroyant toutes sortes d’« acquis
sociaux » (les retraites, la sécurité sociale, les allocations, les
conventions collectives de travail). Il achetait ainsi la paix. Il
proclamait qu’il y aurait une place pour chacun et chacune sous le soleil,
même pour celles et ceux qui se sont toujours retrouvés au plus bas de
l’échelle sociale. Aujourd’hui, il est chaque jour un peu plus clair que
cette Bonne Nouvelle est une illusion – et, sans trop d’opposition, l’Etat
est en train de réduire son arsenal de dispositifs sociaux.

En échange, l’heure est maintenant aux investissements dans ce front
intérieur, avec une prolifération de services de sécurité (privés ou non),
de vidéo-surveillance et de contrôle technologique. Toujours plus de
prisons, de centres fermés et d’autres types d’établissements voués à
l’enfermement sont construits (rien que pour la Belgique plus de 12
nouveaux chantiers sont déjà prévus). Et même s’il est en partie vrai que
la rage des opprimés s’exprime plus souvent et de manière plus brutale
(pensons aux émeutes dans les quartiers ou au nombre croissant de gens
qui, pour pouvoir survivre, braquent des banques ou qui vont chercher
l’argent là où il y en a), ces mesures pour une « guerre intérieure » sont
surtout de type préventives. L’Etat est conscient que la tempête sociale
pourrait se déclencher et souffler dans une direction qui menacerait sa
survie. Il s’y prépare… et, entretemps, il fomente toutes les formes de
guerres entre pauvres : le racisme qui monte les uns contre les autres ;
les religions qui font que les gens sont prêts à se massacrer entre eux ;
la compétitivité qui transforme nos vies entières en une immense course au
coude à coude. Désespérés dans un monde qui les a aliénés de leurs propres
sentiments et désirs, toujours plus de pauvres se laissent enrégimenter et
deviennent des hommes en guerre, haineux, totalitaires et capables de
n’importe quelle forme de violence. La guerre rabaisse les humains aux
rangs de troupes, leurs propres volontés et individualités sont écrasées
et par la même le sont aussi toutes les possibilités de solidarité, de
liberté.

Face à la guerre que l’Etat mène et intensifie contre tous les pauvres, il
ne reste que deux issues. Soit la guerre de tous contre tous, qui
arrangerait peut-être bien les capitalistes et leur projet de compétition
effrénée. Soit une lutte intense et téméraire visant à détruire les causes
de la misère et de l’exploitation dans ce monde ; une lutte contre l’Etat,
les rapports capitalistes et toutes les formes d’autorité qui étouffent la
liberté. Une lutte hasardeuse qui en finit avec les fausses séparations
entre les humains – comme le racisme et le nationalisme – et qui pourrait
ainsi ouvrir le chemin pour, avec nos rêves, se reconnaître en tant que
frères et sœurs.

(Extrait de L’ouragan, parution à numéro unique contre les centres fermés
et contre toutes les prisons, avec ou sans murs. Belgique.)

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